Le Magal 2020 pourrait être le point de départ de la relance économique dans un contexte marqué par la pandémie de la Covid-19, analyse Dr Alioune Badara Dione, chercheur et auteur de beaucoup d’ouvrages sur le Mouridisme.
En 2017, une étude réalisée par des chercheurs de l’Université Alioune Diop de Bambey (Uadb), en collaboration avec le comité d’organisation du Grand Magal de Touba, avait révélé que ce grand évènement religieux génère, chaque année, en moyenne, 250 milliards de FCfa. Cette étude avait pris en compte l’activité commerciale autour de ce rendez-vous annuel, les transferts d’argent, les ruminants achetés et égorgés pendant cette célébration. Cependant, cette année, le grand Magal de Touba est célébré dans un contexte particulier marqué par la pandémie de la Covid-19. Depuis plusieurs mois, les économies des pays sont au ralenti en raison de la crise sanitaire.
Malgré les incertitudes, le grand Magal aura lieu. Touba sera le lieu de ralliement de millions de pèlerins venus du Sénégal et de la diaspora. Un intense moment d’activités économiques, indique le chercheur Dr Alioune Badara Dione, auteur de plusieurs ouvrages sur le Mouridisme. Dans le contexte actuel, a-t-il précisé, l’économie nationale a besoin d’être relancée. D’ailleurs, le Président de la République, Macky Sall, a présidé le 29 septembre 2020, au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, un Conseil présidentiel spécialement consacré à la relance de l’économie nationale. Le Magal, dit-il, peut être un point de départ de cette relance. Pendant toute la période de cet évènement religieux, Touba, la capitale du Mouridisme, est le centre de production et de consommation. Dr Alioune Badara Dione rappelle que 97% des acteurs économiques au Sénégal s’activent dans l’économie informelle. Parmi ces acteurs, une grande partie appartient à la communauté mouride. «Sans risque de se tromper, on peut dire que plus de la moitié sont des mourides», renchérit-il.
Pendant le Magal, la communauté mouride d’ici et d’ailleurs rallie Touba. Ceux qui ne peuvent pas faire le déplacement envoient de fortes sommes d’argent aux familles restées au Sénégal. Rien que cet apport, explique l’auteur de l’ouvrage «Lecture scientifique de l’action de Khadim Rassoul», permet de faire la relation entre les Mourides et l’économie nationale. «Pendant le Magal, l’activité économique est à son paroxysme. Il y a des unités économiques qui ne fonctionnent que pendant le Magal. Cela existe aussi à la Mecque. L’économie de la Mecque est tirée par le pèlerinage. C’est pareil pour le Magal. Touba, pendant cet évènement, est le centre de production et de consommation de l’économie nationale», explique Dr Alioune Badara Dione.
D’après toujours le chercheur, le Magal qui se tient ce 6 octobre est une occasion pour beaucoup d’acteurs qui ont connu des contreperformances à cause de la pandémie de la Covid-19 de se relancer. Toutefois, il précise que la pandémie de cette année risque d’avoir un impact certain sur l’économie du Magal. Le deuxième plus grand évènement religieux au monde après le pèlerinage à la Mecque, si l’on en croit Dr Alioune Badara Dione, risque d’avoir moins d’impact sur le plan économique à cause de la crise liée à la pandémie de la Covid-19. «Les interactions liées au déplacement, aux capacités d’accueil, tout sera réduit. L’impact sera amoindri mais il sera là», explique Dr Dione.
Aliou Ngamby NDIAYE » Le Soleil ».